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Devenir manager après un burn out : le témoignage de Cédric

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manager

Et si vous deveniez manager après votre burn out ? Après son burn out, Cédric a changé de poste pour devenir manager, puis quelques années plus tard il est devenu patron en créant 2 entreprises. Loin de la croyance qu’il faudrait désinvestir le travail après un burn out, il s’est attaché au contraire à lui donner plus de sens. « Aujourd’hui je ne suis pas le même manager que si je n’avais pas fait de burn out », nous dit-il dans cette interview. En quoi est-ce que le burn out a-t-il changé sa façon de manager ? Comment a-t’il transformé cette épreuve en opportunité ? Pour en savoir plus, lisez cet article.

Aujourd’hui Cédric est à la tête de 2 entreprises spécialisées dans le web, le marketing et la conception de logiciels surmesure pour les entreprises. Mais ce n’est pas tout, il vient de créer une holding et projette de faire naître une entreprise à mission. Pourtant il y a quelques années, sa vie aurait pu prendre un chemin bien différent : celui de l’épuisement.

Dans cette interview, Cédric nous raconte son histoire, ce qui l’a mené au burn out alors qu’il suivait sa passion, comment il a rebondi et en quoi cela a transformé sa vie aujourd’hui.


PTB : BONJOUR CEDRIC, QUE PEUX-TU NOUS DIRE DE TOI ?

Je suis un collégien qui a vu un jour arriver dans sa classe un analyste programmeur pour parler de son métier. En l’écoutant, je me suis dit que je voulais absolument faire ce métier. A l’époque il n’y avait pas d’internet, de charte graphique, tout était à construire. J’ai donc fait des études d’informatique, je suis parti à Paris pour devenir développeur d’application web. J’ai tout appris sur le tas. Puis Google est arrivé sur le marché en 2004 et j’ai eu envie de plonger dedans pour comprendre les algorithmes de référencement. Ce métier, c’est ma passion et j’avais à cœur de rester toujours à la pointe des nouvelles technologies. A chaque fois j’ai changé d’entreprise pour ne pas m’enliser dans un poste et devenir obsolète.

Aujourd’hui, je dirais que je suis simplement un papa de 39 ans, passionné par le marketing et le développement logiciel.

Pour aller plus loin lisez cet article : le profil des candidats au burn out


PTB : COMMENT LE BURN OUT EST-IL ARRIVE DANS TA VIE ?

Quand le burn-out m’est tombé dessus

C’était en 2013, quand j’étais architecte logiciel que le burn out m’est tombé dessus. Cela durait depuis longtemps, mais j’ai commencé à en prendre conscience quand ma compagne et mes amis m’ont fait remarquer que je ne parlais plus du tout dans les soirées. En fait, je n’avais plus de mémoire, je ne comprenais plus ce que l’on me disait.

J’avais des signes physiques aussi : de grosses céphalées, des crises étranges qui ressemblaient à des signes d’infarctus : grosse pression dans la poitrine, tremblements, sueurs avec de grosses gouttes qui tombaient sur le sol. Cela m’arrivait dans la journée, quand je n’étais au travail les week-ends ou pendant les vacances.

Ce qui m’a fait réagir c’est un jour où je me suis mis à pleurer devant mes parents sans raison. Là j’ai pris conscience que j’étais malade et j’ai été consulter un médecin.

Pour aller plus loin, lisez cet article sur les symptômes du burn out

Je refusais d’entendre que j’avais du stress

Mon travail était tellement une passion que l’idée que cela puisse m’épuiser m’était impossible. Dans les faits, à chaque fois que l’on me proposait quelque chose, j’étais enthousiaste, je disais « oui », je ne refusais jamais un dossier. C’est vrai que j’avais du stress, mais je refusais de l’entendre. Je pensais que j’étais juste fatigué, je ne faisais pas le lien avec mon travail.

Soit tu démissionnes, soit tu passes sous anti-dépresseurs

Mon médecin m’a dit que j’étais en épuisement professionnel. Il m’a arrêté pendant 3 semaines et m’a dit ensuite : « il y aura deux solutions pour toi, soit à l’issue tu décides de changer de travail, soit tu restes là-bas mais tu passes sou anti-dépresseurs ». Cela m’a fait réfléchir et immédiatement, j’ai su que j’allais démissionner pour retourner dans ma société précédente. J’entretenais de bonnes relations avec la directrice et je savais qu’il y avait des opportunités pour moi chez eux et que je m’y sentais bien.

Pour aller plus loin, lisez cet article : pourquoi mon travail m’épuise t’il ? 

Du burn-out à manager

Je me dis que j’ai eu de la chance parce que tout le monde n’a pas déjà un plan B qui est prêt. Être dans la souffrance du burn out et dans l’inconnu de ce que l’on peut faire si on change de job, cela doit-être très difficile. Ce n’étais pas mon cas. J’ai donc pu me projeter directement dans l’après burn out.

J’ai donc rappelé mon ancienne patronne. Elle m’a proposé un poste de directeur technique avec une équipe à manager. J’ai tout de suite dit oui et j’ai démissionné à l’issue de mon arrêt de travail.


PTB : QUELLES ETAIENT SELON TOI LES CAUSES DE TON BURN OUT ?

Au final je dirais que le burn out était dû :

  • A une surcharge de travail, j’ai eu un poste pour trois personne, je travaillais le week-end, sans compter et je faisais beaucoup de trajets.
  • Une absence de management avec un manager 100% en télétravail. C’était une belle personne mais qui était lui-même débordé.
  • Un actionnaire toxique qui générait une grosse pression morale avec des petites phrases piquantes régulièrement et des variations d’humeurs.
  • Une rupture avec mes valeurs

Un matin par exemple, cet actionnaire était de très mauvaise humeur. Il m’a coupé en pleine présentation en me disant que notre équipe ne faisait « que de la merde », que cela ne correspondait pas du tout à ce qu’il voulait. J’étais hors de moi, je me suis levé et j’ai failli le frapper. Suite à cet incident, j’ai eu un avertissement, bien entendu. Mais finalement ce qui était arrivé était caractéristique de ce qui se passait et de mon état d’épuisement. J’ai un naturel très calme, or là je n’arrivais plus du tout à gérer mes émotions. J’étais aussi touché dans ce qui était le plus important pour moi : le respect des autres, l’empathie.

Pour aller plus loin, lisez cet article le moment de la chute


PTB : QU’EST-CE QUE TU AS FAIT POUR REMONTER LA PENTE DU BURN OUT ?

Prendre du temps pour soi et faire ce que l’on aime

Tout d’abord je me suis reposé. J’avais une dette de sommeil, j’ai mis près de deux ans à récupérer. Par exemple j’avais mon plus jeune qui était tout petit, j’étais incapable de me lever la nuit pour m’en occuper.

Je me suis beaucoup plus ouvert aux autres : discuter, communiquer

J’ai pris du temps pour moi et mes loisirs : j’ai fait de la guitare, je me suis fait plaisir. C’est d’ailleurs en faisant de la guitare que j’ai rencontré un professeur de guitare pour qui j’ai créé bénévolement une plateforme de cours de guitare en ligne. Cette plateforme était accessible pour tous les musiciens de façon à  luter contre l’isolement social. J’ai codé cette plateforme pendant près de 3ans et au final elle est devenue N°1 française. C’est d’ailleurs ensuite ce quoi m’a donné envie de créer ma propre société, pour travailler selon mes valeurs.

Manager par la bienveillance pour réparer le burn-out

Et enfin, je dirais que mon nouveau poste de manager contribué aussi à me faire remonter la pente du burn out. J’avais carte blanche pour animer l’équipe comme je voulais sur des valeurs humaines qui me tenaient à cœur. Ça c’était important pour moi de ne pas reproduire ce que j’avais vécu. Le fait de manager par la bienveillance, c’était une façon de réparer ce que j’avais vécu. J’avais besoin que les personnes soient rassurés en m’ayant comme manager que mon équipe sache qu’en tant que manager je serai là pour eux


PTB : EST-CE QUE TU AS EU PEUR DE PRENDRE DES RESPONSABILITES ALORS QUE TU SORTAIS D’UN BURN OUT ?

Non, je ne me suis jamais posé la question. Je suis toujours parti du principe qu’il faut remonter tout de suite en selle après être tombé de cheval.

Une chose aussi importante, est que je n’ai pas eu de décompensation physique ou psychologique grave. Je me suis arrêté avant d’aller trop mal, donc j’ai pu rebondir facilement. J’avais un peu perdu confiance en moi, mais je n’avais pas de séquelles de mon burn out. Je pense que j’ai eu de la chance au final. Je me suis arrêté au bon moment.

Au contraire, c’était plus tôt pour moi une façon de me libérer de la pression hiérarchique. J’avais beaucoup d’autonomie en tant que manager.

D’ailleurs, je ne me suis pas arrêté là, puisque, quelques années plus tard, j’ai fondé Performance Agency en 2017, puis Digitalinlab en 2019, et une holding en 2021. J’envisage ensuite de créer une filiale de la holding qui aurait un objectif à mission qui allie le numérique avec le fait d’apporter du bien aux individus. Cette idée de vouloir mettre ma passion (créer des logiciels) au service d’un projet sociétal est essentiel pour moi depuis le burn out.

Pour aller plus loin, lisez cet article : être performant sans s’épuiser après un  burn out


PTB : AU FINAL QU’EST-CE QUE TU AS APPRIS AVEC CE BURN OUT ?

J’ai appris que je n’étais pas un surhomme. À tout moment ce que l’on a acquis peut se casser la figure.

Mettre au cœur de mon métier mes passions et mes valeurs

Mais j’ai surtout compris que si j’étais tombé à ce moment-là c’était sur tout pour pouvoir mieux me reconstruire derrière. J’ai vraiment transformé cet événement en opportunité. Aujourd’hui je suis chef d’entreprise et je mets au cœur de mon métier ce qui me passionne et mes valeurs.

Mieux gérer mon temps de travail

J’ai aussi une meilleure gestion de mon temps de travail. Avant je travaillais sans compter. J’ai appris à relativiser et à lever le pied.

Par exemple j’ai désactivité mes notifications sur mon portable. Pendant les vacances je désynchronise les mails.

J’explique aussi à mes équipes que ce n’est pas parce que l’on travail dans la communication que l’on ne doit pas compter ses heures de travail. A 17h30, c’est le moment de rentrer, la journée est terminée. Comme cela ils se sentent libre de partir le soir sans attendre de voir qui partira le premier.

Et ce qui est paradoxal c’est qu’au final les collaborateurs sont plus performants. Ils savent que je leur fais confiance, qu’ils peuvent s’organiser comme ils le veulent. Nous avons un planning de projet et tant que les projets sont faits dans les temps, cela me va, même si les horaires sont découpés parce qu’il y a un impératif familial au milieu de la journée. Nous avons un métier qui le permet autant en profiter.

J’évite aussi les réunionites, ces crises de réunions à n’en plus finir. J’en ai beaucoup souffert dans le passé.

Pour aller plus loin, lisez cet article sur le slow working

Changer ma posture de manager après le burn out

Je fais aussi le choix de beaucoup déléguer et d’avoir confiance dans mes collaborateurs. Je les laisse autonomes et savent qu’ils peuvent me joindre dès qu’il y a un problème.

Aujourd’hui je ne suis pas le même manager que si je n’avais pas fait de burn out. Sans cet événement, je serais sans doute encore dans le moule société avec tous ses clichés : les KPI, les indicateurs, etc. J’étais formaté business dans la communication. Si on est trop “business” on génère de la démotivation, si on est trop “humain” on ne génère pas de business. Mettre un babyfoot dans une salle de réunion cela ne suffit pas, il faut s’intéresser aux personnes sincèrement.


PTB : SI TU AVAIS UN CONSEIL A DONNER AUX LECTEURS DE PTB, QU’EST-CE QUE CE SERAIT ?

Lâchez prise, quoi qu’il arrive, vous vous en sortirez. A partir du moment vous acceptez de lâcher prise, d’en parler sans honte et sans culpabilité, cela vous apportera forcément des choses positives pour votre vie future. Ne subissez pas le burn out, agissez pour le transformer cette souffrance en opportunité.

Pour aller plus loin, lisez cet article : comment faire face à la honte du burn out ? 


CONCLUSION

Merci Cédric pour ce beau témoignage.

Voici trois autres témoignages qui peuvent vous inspirer :

Et vous qu’est-ce que ce témoignage vous inspire ?

Vous aussi vous avez envie d’allier vos passions et vos valeurs à votre travail ? Vous aussi vous pensez que le burn out permet de mieux manager et accompagner ses équipes ? Ou au contraire pas du tout ? –> Dîtes le nous dans les commentaires.

Crédit photo : Pixabay : RonalCandonga

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20 Commentaires

  1. Cédric

    Témoignage inspirant ! Merci Cédric !
    Du coup le management bienveillant qui découle donne forcément des résultat d’entreprise encore meilleurs !

    Réponse
    • Astrid LE FUR

      Merci Cédric pour ce retour

      Réponse
  2. pierre christophe callac

    Bonjour,
    Merci pour ce témoignage. J’espère que la situation changera car je vois trop de personnes qui ont été confronté à un burn-out et le système de management n’est jamais très loin finalement.
    A bientôt
    Pierre Christophe

    Réponse
    • Astrid LE FUR

      Merci Pierre Christophe pour ce commentaire. Je pense que le management est clé pour éviter l épuisement d une personne. Parfois le manager participe malgré lui à l épuisement de la personne, parfois il en est témoin mais ne sais pas quoi faire et parfois c est le choc : personne ne comprend comment nous avons pu en arriver là. Pourtant il est possible d agir en amont.

      Réponse
  3. Nicolas

    Très bel interview. C’est clair que lorsque l’on est passionné on ne compte pas ses heures et ne se rend pas vraiment compte de la fatigue que le corps et l’esprit endurent… Jusqu’au jour des premiers signes ! Je pense que les personnes de notre entourage doivent jouer un grand rôle dans ces cas là, ce sont elles qui avec un oeil extérieur et bienveillant peuvent dire stop à notre place… idéalement ! Merci encore à vous deux

    Réponse
  4. Valériane

    Cela donne de l’espoir c’est top ! Merci 🙂

    Réponse
    • Astrid LE FUR

      Merci Valériane

      Réponse
  5. Pascale

    Merci pour ce témoignage riche et inspirant : j’apprécie la résilience de Cédric qui a réussi à faire de son burn-out une opportunité.
    Il a su évaluer les déclencheurs qui l’avaient conduit à l’épuisement et il a nourri de nouvelles valeurs. Je suis impressionnée par sa carrière post burn-out, où il continue à nourrir ses passions, dans un nouvel équilibre.
    Top.

    Réponse
    • Astrid LE FUR

      Merci beaucoup Pascale pour ce retour

      Réponse
  6. Hamidul

    Merci pour cet article intéressant et transparent.

    Réponse
  7. Vincent

    Merci pour cet article et cette expérience qui prouve que le burn-out n’est pas forcément le début d’un renoncement (certains diront échec) mais bien le fait de devoir se recentrer sur soi et ses valeurs

    Réponse
    • Astrid LE FUR

      Merci beaucoup Vincent ces mots qui inspireront plus d un, j en suis certaine.

      Réponse
  8. Virginie

    Merci pour cette belle histoire de rebondissement qui profite, en plus qu’a lui-même, à toutes les personnes autour de Cédric et à toutes celles qui lisent sa résilience …

    Réponse
  9. Karine

    Merci pour cet article ! Il devrait être partagé à tous les managers ! En effet, beaucoup ne se rendent pas compte qu’ils sont déjà à l’intérieur de la « spirale du burn-out ». Souvent, on réagit trop tard, d’où l’utilité de la prévention et des éclaircissements apportés sur le sujet. Cela nous donne de nouvelles valeurs à considérer en terme de « managemen ». Prenons soi de nous 🙂

    Réponse
    • Astrid LE FUR

      Merci Karine pour ton retour;-)

      Réponse
  10. Anne

    Bonjour,
    Merci de ce témoignage où Cédric nous donne de l’espoir. Un beau parcours, du courage et de la résilience!
    Pour ma part, en arrêt depuis presque un an, burn-out et grosse chirurgie, la Vie m’envoie un gros message, celui de dévier vers le bon chemin. Mais lequel? Le témoignage de Cédric m’inspire, et je me rends compte que je n’ai pas encore l’énergie suffisante pour me relever et transformer ma situation actuelle 😔 ça viendra, encore besoin de temps… Merci

    Réponse
  11. sarah

    article trés utilise merci

    Réponse
  12. Alain Orsot

    Une très belle histoire et un bel exemple. Pas toujours simple de prendre conscience d’être dans une impasse, il faut parfois le regard bienveillant des autres et atteindre ce « point de non-retour » où l’on réalise que prendre une autre direction est une question de survie…

    Réponse
  13. Christian Bach

    Je trouve l’idée de prendre des responsabilité de manager après un burn out est très pertinente: obtenir la possibilité de manager à sa facon pour son équilibre et avec bienveillance pour les collaborateurs. Merci pour ton témoignage.

    Réponse
    • Astrid LE FUR

      Merci Christian pour ce retour

      Réponse

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